La refonte des statuts : Améliorer la place des femmes et des communautés ethnoculturelles
Pour quelles raisons notre syndicat portera-t-il dorénavant une attention particulière à la participation active des femmes et des communautés ethnoculturelles à la vie syndicale?
À première vue, cette nouveauté dans notre mission syndicale pourrait sembler inutile ou superflue pour certains, mais d’une évidence pour d’autres. Un certain cynisme peut nous faire dire qu’il ne s’agit que de belles paroles qui ne seront accompagnées d’aucun geste concret et qu’elles ne sont là que pour nous donner bonne conscience, faire beau!
Soyons en accord sur quelques faits et idées de bases pour commencer. Les membres de la catégorie 2, plus de 6000 depuis l’été 2019, présentent une diversité très impressionnante. Il y a d’abord une diversité de genres et d’orientations sexuelles. Puis, une diversité d’âges et de générations évidemment, ainsi qu’une diversité d’origines, d’appartenances ethnoculturelles, d’identités culturelles, de valeurs, de pensées politiques, etc. Bref, chacun d’entre-nous appartenons ou s’identifions à différentes catégories et divers groupes.
Toutefois, devant cette belle diversité de nos membres, nous constatons que notre Conseil syndical n’est pas représentatif de cette diversité. Bien que la majorité des membres soit des femmes, nous avons 16 élus hommes pour 11 élues femmes! Sur les 27 éluEs, seulement 4 font partie des communautés ethnoculturelles, alors que la réalité sur le terrain est tout autre! Devant cette situation, les éluEs syndicaux et les membres se doivent de se pencher sur cette problématique de non représentativité. C’est dans cette optique, que cette nouvelle mission d’intégration et d’inclusion s’inscrit désormais dans les obligations du syndicat.
Il nous faudra donc identifier les raisons qui découragent ou repoussent la participation de ces groupes sous-représentés. Est-ce que les femmes sont prises à des défis de conciliation travail-famille qui les limitent dans leurs implications possibles au syndicat? Est-ce que l’image du syndicalisme au Québec est mal perçue par les membres issus de l’immigration ou des communautés ethnoculturelles? Est-ce que le syndicat donne l’impression d’être un boys club ou un white club comme en politique ou dans le monde des affaires? Ce pourrait-il que le syndicat soit considéré comme l’ami des patrons ou une institution corrompue? Etc.
Tentons de répondre à ces questions!
Durant nos discussions avec les travailleuses et les travailleurs, plusieurs explications nous permettent de mieux comprendre ce qui pose des contraintes à l’implication syndicale plus spécifique aux femmes et communautés ethnoculturelles.
Plusieurs ont l’impression que l’implication syndicale est un phénomène strictement dédiés aux pratiques culturelles des membres d’origine nord-américaine. Affirmer qu’il n’en est pas le cas reste insuffisant pour les convaincre. Sachez qu’au sein de la CSN, il existe de nombreux comités ou instances qui s’occupent directement des questions de l’implication des femmes et des communautés ethnoculturelles. Les droits et la défense des groupes minoritaires ou historiquement persécutés restent forts dans l’organisation. Nos activités en lien avec la journée internationale des droits des femmes du 8 mars demeurent un bon exemple de geste concret et sincère en ce sens.
Conscient que les réalités et les cultures syndicales varient énormément autour du globe, il n’est pas étonnant que des membres issus de l’immigration puissent avoir une préconception du syndicalisme d’ici. Parfois, ces syndicats sont copains-copains avec les patrons ou sont grassement payés par ceux-ci. Dans d’autres cas, c’est l’État lui-même qui contrôle ou dirige les syndicats. La situation est pourtant totalement différente au Québec, alors que nous avons une riche histoire de lutte syndicale qui sert d’inspiration dans nos pratiques aujourd’hui.
Notre financement provient à 100% des cotisations des travailleuses et des travailleurs eux-mêmes; les syndicats appartiennent aux syndiqués. À la CSN, les officiers syndicaux sont élus par les membres, lors d’Assemblée Générale ou lors de scrutins postaux. Ces procédés démocratiques rendent difficiles l’ingérence des gouvernements ou des patrons dans le choix des officiers syndicaux.
Une crainte qui habite également plusieurs travailleurs, concerne le salaire des officiers syndicaux. Plusieurs croient que nous sommes payés un salaire plus élevé, alors que dans la réalité notre salaire reste le même que nous avions lorsque nous travaillions sur le plancher. Qu’on soit PAB, A3S, PEM, PSA, notre salaire reste le même lorsque nous sommes élus aux instances syndicales. Il est interdit d’avoir un quelconque avantage monétaire, financier ou de priorité d’emploi.
Ceci étant dit, nous avons la responsabilité de poser des gestes concrets pour valoriser l’implication syndicale de tous et chacun. Que ce soit en offrant des services de garderies pour les travailleuses et les travailleurs qui participent aux Assemblées Générales, que ce soit en prenant en compte la riche culture qui compose notre communauté dans nos communications et dans notre vie syndicale; proposer un menu créole au party de Noël par exemple.
La future assemblée des délégués, qui sera créée cet hiver, devrait être l’occasion de rejoindre ces groupes sous-représentés et de leur donner une première expérience enrichissante d’implication syndicale. Un effort significatif sera donc déployé pour les attirer et les convaincre de s’impliquer dans notre syndicat.
Le syndicat, aidé des membres, s’engage donc à poursuivre cette large réflexion et à poser des gestes concrets dans le but de faciliter et d’encourager l’implication active des femmes et des communautés ethnoculturelles à la vie syndicale. La diversité est une force qu’il ne faut point négliger, puisque ensemble tout ce qui nous parait impossible devient alors possible!